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Photo du rédacteurJacques Guillou

La solution du pardon


Il y a 20 ans j’épousais ma japonaise de femme à Tokyo. Avant de nous en retourner vers la France j’osais poser la question du secret de la réussite du couple à mon beau-père qui avait déjà dépassé les 70 ans : “forgive and forget” (pardonne et oublie) me répondit-il. J’ai recueilli le principe et me suis éfforcé de l’appliquer depuis.

Le sujet du pardon m’a toujours interpellé comme quelque chose d’impossible à faire. D’éducation catholique le sujet revenait souvent sur la table. Peut-on pardonner à ceux qui nous ont offensés ? N’est-ce pas trop nous demander, nous les victimes de toutes ces injustices ?


Adrien Candiard*, dominicain vivant au Caire, résume très bien le dilemme : “on ne peut porter en soi des blessures ouvertes sans en souffrir : le temps ne les cicatrise qu’imparfaitement, elles sont mêmes souvent infectées. C’est le drame du mal qu’on nous a fait : il continue à nous faire souffrir longtemps. Il peut continuer à nous détruire si nous ne le traitons pas radicalement.”


Nous avons tous eu subir des offenses, des blessures à l’âme, des humiliations qui laissent des marques indélébiles au fond de nos cœurs. Des coups reçus qui nourrissent notre rancœur, nos désirs de vengeance, alimentent des haines disproportionnées et génèrent des comportements inappropriés qui suivent des logiques cachées souvent incompréhensibles pour notre entourage.


Nous ne sommes pas des saints mais des êtres d’émotion à l’égo sensible. L’entreprise est une arène où vous serez amené à recevoir de telles blessures. Il vous sera impossible d’avancer dans vos vies professionnelle et personnelle sans savoir gérer les blessures d’ego. J’ai croisé des personnes qui avaient ce talent incroyable de ne pas donner prise aux coups reçus. Pour eux, le monde du travail est un théâtre où tout n’est que jeu. Leur costume les protège des commentaires désobligeants, des humiliations en réunion, rien n’est grave tant que leur poste est préservé. Je pense en particulier à l’un de mes anciens DG pour qui les compteurs étaient remis à zéro tous les matins…le mal comme le bien. Chaque jour était une nouvelle page blanche pour nos émotions. Cela est l’exception.


Mes doutes sur les vertus du pardon ont été effacés en une seule phrase d’Andrien Candiard qui rappelle ce que l’on peut en attendre :

“Le miracle du pardon ce n’est pas qu’il fait disparaitre l’offense ou qu’il nous permet de l’oublier, mais qu’il nous permet de la regarder sans souffrir”

Rien n’est effacé, si ce n’est la douleur.


Pensez à ces moments de rupture sentimentale ou professionnelle. A l’époque la douleur vous submergeait au nom de l’injustice dont vous étiez victime. Quant reste-t-il aujourd’hui ? Depuis, n’avez-vous pas connu des moments positifs, rencontré des opportunités que ces ruptures ont créées ?

Si le pardon n’est pas votre fort, le temps fera son œuvre.


*“Quand tu étais sous le figuier…”Adrien Candiard- Edtions du Cerf 2017


Jacques Guillou

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