Nous sommes des êtres d’émotions, toujours prêts à rejoindre une juste cause qui sera pour nous
l’occasion de donner le meilleur de nous-mêmes.
Le travail en entreprise nous offre cette occasion d’épouser une mission, de participer à quelque chose qui nous dépasse, quelque chose de plus grand que nous. C’est pourquoi nombre de salariés se donnent sans compter pour le développement de leur société.
Il n’est donc pas surprenant de voir les sujets du travail nous envahir au point de représenter notre principale charge mentale, occuper nos pensées…jours et nuits.
Phénomène que décrit Martin Wehrle
« un nouveau salarié pense qu’il devient une partie de l’entreprise. Il se trompe, c’est l’entreprise qui devient une partie de lui » * …comme le sucre dans le café.
Ainsi, nous verrons cette personne impliquée, qui repoussera son départ du bureau tant qu’elle n’a pas fini les tâches du jour, les emails à traiter…et il y en a de plus en plus. Après le diner, au grand dam de son mari, elle se reconnectera au serveur de l’entreprise pour finir ce qui reste en suspens pour ne pas mettre les collègues dans la panade lors de leur retour au bureau demain matin.
Elle se projettera pendant les weekends sur le travail à venir, avalera ses frustrations face à ceux qui ne font pas leur travail, exploitent sa gentillesse, car vous l’avez deviné nous avons affaire à une « yes person » quelqu’un qui ne dit jamais non aux les sollicitations. Bonne poire parce « qu’il faut bien que quelqu’un fasse le boulot », parce que sa dignité est dans le travail bien fait et tout cela dépasse le simple salaire, il s’agit de ne pas nuire à la société qui l’emploie, il s’agit de dignité.
Avec le travail à la maison (home office) c’est encore pire.
Le temps consacré aux transports s’est transformé en temps de travail. Elle ne veut pas faire partie de ceux qui abusent, de ceux qui regardent la télé plus qu’ils ne travaillent et qui déversent sur elle aux motifs les plus futiles, tout ce qui a pris du retard et doit être fait en urgence.
Alors le soir venu elle s’accorde quelques verres de vin « parce je l’ai bien mérité…parce que ça me fait tenir », évoquant l’époque où l’entreprise était le lieu de solidarité, de management juste, où à la fin du compte le mérite était récompensé.
C’est ça « l’entreprise dans la peau », la conviction qu’il faut accomplir son devoir pour une cause qui vous dépasse, l’on travaille par amour propre, par solidarité avec les autres.
Vous ne serez pas étonné d’apprendre que ce type de personne finit en burn-out et autres dépressions parce qu’à un moment inévitablement, le corps et l’esprit lâchent. Parce que le mérite n’est pas aussi souvent récompensé que l’on pense, parce que plus vous donnez et plus on vous en redemande.
Une fois que le sucre est dilué dans le café difficile de faire la part des choses.
*« Je travaille dans une maison de fous » Martin Wehrle-Eyrolles-2012
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